Tsine errait deci delà dans le chateau, un peu perdue et désemparée, le vague à l'ame qui ne la quittait pas depuis 3 jours lui rongeait lentement tout sens pratique et lui otait la notion du temps et de l'espace. Le regard hagard, la mine hébétée, il lui semblait avoir reçu une montagne sur la tete. Elle sentait l'alliénation la gagner petit à petit.
Voyant passer un chien errant, comme elle, efflanqué à peu près autant qu'elle avait les joues creuses, elle se pencha vers lui, s'acroupissant dans la boue pour le caresser un peu. Le pauvre grelottait, tout trempé qu'il était suite aux pluies diluviennes qui s'abattaient sur la région depuis plusieurs jours.
Elle le prit contre elle, peu importait son état elle n'était pas dans les meilleures conditions de toute façon, et se mit à lui parler tout doucement :
Et ben mon pépère, toi aussi t'es tout seul et tu tournes en rond ? Mon Dieu, il aurait mieux valu que je te rencontres plus tot, au moins toi tu m'aurais suivi comme le fidèle compagnon que tu dois etre. Et si tu avais un jour suivi une autre route que la mienne, je n'aurai au moins pas eu les milliards de questions qui tournent et retournent actuellement dans ma tete.
Une grosse larme silencieuse roula alors sur sa joue. Le chien la regardait, et il enfoui sa tete dans le creux de son bras. Pour se réchauffer ? pour la consoler instinctivement ? elle ne pouvait savoir. Mais cela lui fit monter un torrent d'eau lacrimal. Elle n'arrivait plus à discerner si son visage était trempé de larmes ou bien si c'était la pluie qui s'était remise à tomber qui l'inondait.
Serrant fort le petit animal, elle l'emporta avec elle.
Baissant la tete pour vérifier que la bete se réchauffait, son attention fut attirée par un morceau de velin, en équilibre sur un muret de la grand place du chateau, comme échoué là par le hasard du vent qui souffle. La jeune femme le ramassa, poussée par la curiosité, et se mit à le lire.
Son visage devint livide à sa lecture et elle écarquilla grands ses yeux, horrifiée, et ne réussi qu'à articuler un "OH MON DIEU !" avant de fondre à nouveau en larmes. Dans un murmure, elle parvint à se dire à mi voix :
Ohhh Black !!! Toi aussi tu t'y mets ?! Mais enfin, qu'est-ce que vous avez tous à vouloir trahir la confiance et l'amour de vos proches ? Est-ce que quelques écus valent tant de sacrifices ?
Ma chère Su... Ma tendre Fun, oh ma Fun chérie... elle doit etre effondrée. Dans quel état doit-elle etre ! Et Cagou qui part aussi... Après Arles la comique, Arles la silencieuse, voici Arles la pathétique... Et bien bon vent sur les routes Black... pfff
Foutu Santi, il faut toujours qu'il l'ouvre celui-là quand il ne faut pas.
Elle secoua tristement sa tete, jeta le velin par terre, dégoutée et repris la route du musée pour y parachever son travail. Vivement qu'elle en finisse avec tout ça.
Le petit animal chétif semblant à présent réchauffé elle le posa par terre et lui dit :
"Allez toi, viens, on va faire un bout de chemin ensemble tous les deux, au moins quelques jours, le temps que je te trouve un maitre digne de ce nom. Et je vais commencer par te donner à manger pour te rendre des forces."
Et comme s'il comprenait le chien émis un léger grognement et se mit à la suivre.