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 Ettic Einhert

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Ettic
Personnage mort.
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Ettic


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Localisation InGame : Arles
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Nom: Einhert
Titre de noblesse: Senhor
Fief : Roquebillière

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MessageSujet: Ettic Einhert   Ettic Einhert Empty20/01/09, 10:50 pm

Citation :
Pseudo IG : Ettic
Date de naissance IG : 28 Août 2007

Nom RP : Ettic Einhert
Date de naissance RP : Entre le mois de juillet et octobre 1433

Titres, Distinctions :
- Senhor de Roquebillière (Vassal de Lantosque)
- Champion des Lices de l'Ost provençal

Fonctions actuelles :
- Membre du barreau provençal
- Procureur à la CSMAO

Fonctions passées :
- Membre des avocats du dragon
- Soldat Angevin : recrue
- Soldat provençal : soldat, Sergent, Lieutenant, Commandeur
- Membre du conseil comtal : Porte-parole
- Membre du conseil comtal : Connétable (2 fois)
- Bâtonnier du barreau de Provence
- Membre de PASTEL
- Membre du Parti Occitan
- Tribun d'Arles
- Tavernier de la taverne municipale


********

La période impériale:

Je naquis en 1433 à Mainz, Mayence si vous préférez, dans cet éternel Saint Empire Romain Germanique. Pour ce que je m'en souviens, d'après les dires de mes parents, il s'agissait d'une obscure principauté sans grand intérêt, impérial de naissance, fier de n'y avoir jamais grandit. Les connaissances du petit peuple étant ce qu'elles sont, je ne suis pas certain du mois exacte de ma naissance. Peut-être le mois d'aout, peut-être même celui de septembre, ou bien encore d'octobre. Je ne saurais être catégorique à ce sujet... Mais de toute manière qui cela peut-il bien intéresser à part moi ?

Ma famille, les Einhert, dont je vous passerai la généalogie (bien que très intéressante !) n'était pas très considérée en ces années là. Quelques années avant ma naissance, mon père, après avoir trimé toute sa vie, était parvenu au poste enviable et respectable de sergent de police de Mayence. On le respectait plus ou moins. Plus au début et beaucoup moins à la fin. Il était de ceux qui ne laissait nulle corruption prendre le dessus sur son intégrité. Il est vrai, que pour arrondir leurs fins de semaines, parfois difficiles, il louait sa force à quelques marchands locaux soucieux de voir quelques... affaires ne pas être perturbée par la venue intempestive de petites frappes cherchant la rapine facile. Mais ils s'en sortaient bien tout les deux, un peu moins pauvre que la moyenne.

Mais lorsqu'une troupe de brigands, les terribles Augenbohne, qui terrorisait toute âme innocente et fortunée empruntant les chemins, décida de prendre la ville de Mayence pour nourrir leur insatiable appétit de richesse facile, tout bascula. Ce qui aurait du être un coup de force facile se changea en un massacre systématique. La prise de la mairie et de son entrepôt tourna en une énorme boucherie. Les miliciens en charge de défendre la ville furent prit à revers et la défense fut brisé en peu de temps. Et quelle conclusion ? Mon père fut accusé d'avoir trahi. Ses accointances avec le milieu marchand fut le signe évident de sa culpabilité. Il fut rejeté par la communauté. Ils n'avaient pas véritablement de preuve, pas suffisamment pour leur passer la corde au cou. Mais malgré tout, lui et sa femme furent condamné à la misère. Mais sachez que jamais aucun des chiens que l'on prétendait être leurs acolytes, ne vinrent à leur secours, fuyant par-delà la forêt pour jouir de leurs biens mal acquis.

Pendant quelques années ils survécurent dans une fermette misérable à l'écart de la ville, avec un champ qui ne produisait que des légumes neurasthéniques (et oui pas moins que ça !). Mais ils survivaient tant bien que mal. En fait, le coup de grâce leur fut donné avec la naissance d'un vigoureux bébé. Votre serviteur ici présent ne pouvait se contenter d'une nourriture trop peu nourrissante pour lui permettre de survivre. Et comme ils ne se résolurent pas à me laisser aux loups ou à me tuer d'un coup de binette, ils prirent la décision de quitter un empire germanique particulièrement décevant et inhumain, en quête d'une terre promise. Il était certain que ce n'est pas de cette terre qu'il fallait attendre quoi que ce soit.

Si je puis me permettre une légère parenthèse, je vais me poser la question qui semble brûler vos lèvres crispées. D'où viens ce prénom étrange, 'Ettic' vous demandez-vous peut-être (ou pas) ? Ils envisagèrent bien de me donner le nom d'un légume pour leur porter chance dans leur quête d'une nourriture plus consistante. Mais imaginez vous nommer Klaue, Porreeou Rübe. Oh il a une tête de Rübe ! Il a des Klauedans les cheveux ! Tu sens le Porree !
Je les imagine encore aujourd'hui en train de verser une larme en m'imaginant être tabassé par des petits camarades moqueurs et méchants. Il ne fait jamais bon d'être un légume lorsque tout le monde crève la faim, on ne sait jamais après tout, un coup de dent mal placé est si vite arrivé...

Bref. Pourquoi Ettic ? Ettic était tout simplement le prénom d'un voyageur qui donna autrefois à mon père, lorsque celui-ci n'était qu'un petit minot de bas étage, une michette de pain alors que celui-ci crevait de faim sur le perron de son taudis. Parce que ses parents (mes grands-parents donc), lui offrirent logis, par reconnaissance peut-être, le vieil homme lui apporta les rudiments de la connaissance, Tobias, Ettic, Saul Von Magdeburg. Je devins donc Ettic Einhert, fils de Benedikt et d'Elisa Einhert.

Bref, continuons, voulez-vous. Le frère de mon père (mon oncle pour ceux qui ne suivent pas), était parti il y a bien longtemps s'installer dans le lointain royaume de France, après avoir eu l'occasion de gouter à la gueuse locale, lors de l'un de ses voyages en tant que marchand ambulant. Il vivait dans un petit village du comté d'Anjou, Saumur. Dans ses rares missives, portés par les infatigables pigeons des royaumes (des pigeons dopés aux hormones déjà à cette époque ?), il vantait la douce vie qui s'écoulait doucement en cette région. Le proverbe local qui en parle le mieux dit que « l'on négocie le prix de son blé, on trait ses vaches, on renverse le Comte et on finit ivre à la taverne. » N'est-ce pas là la flamme de la bougie qui attire le papillon souffreteux qui espère avoir à faire à un rayon de soleil tombé sur terre ?

La période Saumuroise :

Après un voyage long et dangereux, où ils faillirent me perdre (en raison du cour dispendieux du lait sur les marchés des villes que nous traversâmes en venant), nous arrivâmes enfin en terre angevine. Mon père et ma mère me racontaient qu'ils étaient, durant les premiers temps, horrifiés de la folie ambiante qui semblait habiter ces lieux. Entre la débauche de certaines dames qui multipliaient simultanément les amants, les hommes qui se prenaient pour des hamsters-garou, et la terrible famille Penthièvre (aux ramification généalogiques si complexe que l'on devient fou uniquement en cherchant à comprendre quelque chose), leur foi d'ex impériaux pieux fut mise à rude épreuve.

Mais la vie repris son cour. D'abord chez l'oncle Olaff, puis dans notre propre maison, les années s'écoulèrent doucement, me permettant de grandir doucement.

Le vieil oncle fut emporté un hiver par une mauvaise glissade. Sans doute que depuis là-haut, il observait son troupeau bouffer la soupe froide. Sa femme, anéantie se retira au couvant tandis que mon unique cousin (leur fils donc) devint l'ivrogne de service d'un village voisin, la Flèche. Mais sachez que lui, il n'en était pas une...

En 1444, alors que j'étais entré dans ma treizième année, mes parents firent une demande pour me permettre de devenir novice dans l'armée angevine. Je n'étais qu'un petit gamin (et oui il existe aussi des grands gamins !), mais après tout, même du haut de mes quelques années, j'aspirais à servir au mieux ma terre d'accueil. A défaut de ne posséder le savoir et devenir un érudit, je pouvais me targuer de posséder le courage, la détermination et la force.

Un soir, si ce n'est LE soir, mes parents furent tués. Le sergent de police de l'époque, un certain Richard Cuff, sembla porté à croire qu'ils avaient été surpris par un ou deux brigands en quête de butin. Encore aujourd'hui je me reproche de ne pas avoir été avec eux à ce moment là. Peut-être seraient-ils encore en vie aujourd'hui. Mais ils étaient morts. J'étais seul, sans la moindre famille (à part le cousin, si vous avez suivis, mais qui aurait essayé de me prendre le dernier de mes deniers pour se payer à Boire). N'ayant point l'intention d'étaler ma détresse plus que de raison, je m'en tiendrai là.

Mon noviciat à l'armée me permis d'avoir encore un toit, d'être nourris, et d'être formé. En quelques années, jusqu'à mes 18 ans, je devins l'homme de bonne carrure que vous connaissez tous (peut-être). Mon maniement de l'arme ne devint pas mauvaise et je fus apte à devenir un soldat prêt à combattre. Mon supérieur direct décela en moi, je cite « une lumière d'intelligence capable de faire de moi à terme bien mieux qu'un simple troufion de base, mieux que de la chair à arbalète ».

A l'aube de mes 19 ans, le premier émois. Une jeune damoiselle au minois charmant arriva en notre terre saumuroise. Le maire de l'époque avait mit en place, du temps de son mandat de débauché, et pour valoriser sa ville, un groupe de volontaires qui avait pour mission d'accueillir tout nouvel arrivant désireux de s'installer en notre ville. Passant un certain nombre d'heure par jour dans le bouge locale, 'chez Jacki la main froide', à me rincer le gosier en compagnie de mes larrons, un vieux roublard surnommé Cortex, et une jolie nymphette surnommé Alap, je voyais défiler tout les voyageurs de passage et tout les nouveaux arrivants, ceux qui « on vu de la lumière et qui sont entrés ».

Bref. C'était une vagabonde, à en voir les haillons qui cachaient difficilement ses formes (fort agréables à admirer, ma foi). Je lui offris un petit verre de la piquette locale, en signe de bienvenue. Elle me narra ses péripéties (que je ne rapporterai pas ici, car cela ferait l'objet d'une autre biographie et entre nous, qu'est-ce qu'on s'en cogne...?). En homme aimable et peu enclin à courir la gueuse (*toussote*), je l'invitais à prendre logis dans mon humble demeure, le temps qu'elle trouva un lieu où résider. Nous devînmes bons amis. Mes relations et mes connaissances de la notabilité locale (un maire dépravé, un tribun alcoolique et un prêtre ignorant le sens du mot chasteté), lui permirent de s'investir dans la vie du bled, intégrant les rangs du pôle animation de la ville de Saumur.

Ce fut au cours d'un grand bal donné en l'honneur de l'arrivée de l'été, cette période où les champs seront bientôt labourés, que nous nous rapprochâmes. Ah, ma belle Zapapeur (Car, Zapapeur de toi !), quelle passion fit battre mon cœur ! Mon premier amour comme on en connait que peu au cours de sa vie. Ce fut sur fond de vielle et de tambourin que nos lèvre se joignirent et... (Quoi, bande de cochons, vous vous attendiez tout de même pas à ce que je continue !).

Nous restâmes ensemble pendant deux années. Et puis, parce que toute histoire romantique comporte son revers, cela se termina. Au cours du bal des moissons qu'elle organisa, j'eus l'outrecuidance de lui demander sa main devant l'assemblée. Mon cœur se brisa à sa réponse. Un NON!!! retentissant. Peut-être fut-elle plus diplomate et que je souhaite me faire plaindre un peu. Ou pas. Allez savoir.

J'appris la vérité par la suite. Un marchant ambulant, un bon ami à moi, dict le poulet. Et comme dirait l'autre, Sauuuumurrr, ton univers impitoyaaableee...

Et puis la guerre qui larvait depuis des années entre les ennemis héréditaires, voisins de toujours fit son apparition. La Touraine déclara la guerre à l'Anjou. Vous l'imaginez, ce revers sentimental ne me rendit que plus amère. Je pus déverser le flot de ma rage vers un autre front. Je fus envoyé dans les premières unités qui partirent sur le champ de bataille. La guerre fut brève pour moi. Blessé. Inapte au combat. Ce n'était pas grand chose, mais après tout, plus rien ne me retenait en cette terre. Plus de famille. Un amour déçu.

Mon sergent, devenu un ami sincère, m'obtint un ordre de démobilisation, une bafouille griffonnée à la va-vite sur un bout de parchemin expliquant aux fonctionnaires bornés que j'aurais pu croiser sur mon chemin, que je n'étais pas un déserteur sans courage.

Je n'avais jamais vraiment eu quoi que ce soit. Quelques habits, quelques écus, quelques miches de pain... Il ne m'en fallut pas plus pour partir, un maigre baluchon sur l'épaule. Le hasard des routes me conduisit vers le sud. Traversant le Poitou, plus calme qu'à l'accoutumée. Le limousin et ses fameuses vaches... limousines. Mes provisions déclinèrent rapidement. Mes vêtements connurent les affres du voyage et tout résistant étaient-ils à l'origine, d'habits de personne bien comme il faut, ils devinrent haillons pouilleux. Je n'étais plus qu'un vagabond.

Mais alors que j'étais en train de crever sur le bord d'un fossé, des saints hommes, le groupe des pèlerin d'Arès en route pour St Jacques de ompostelle (cherchez l'erreur) me sauva plus ou moins. Ce n'était pas grand chose à vrai dire. Quelques miches de pains qui me permirent de continuer ma route jusqu'au village suivant où je pus plus ou moins louer ma force en égorgeant un cochon.

En fait, je ne me souviens que très peu de cette période de ma vie. Toujours hanté par la faim (car la faim justifie les moyens...). Chassé de certains villages qui ne voyaient en moi qu'une bouche de plus à nourrir. Échappant aux brigands. Mais qu'auraient-ils pu me voler ? Peut-être y avait-il de ces sadiques qui savouraient le fait de maltraiter plus faible qu'eux...

La dernière chose dont je me souviens de cette ère de ténèbres, fut ma chute au milieu d'un prés couvert de plantes odorantes. Il faisait nuit, je n'avais plus la moindre force. Je chus à terre et pensai ne plus pouvoir jamais me relever. Et au matin...


Dernière édition par Ettic le 17/02/09, 09:20 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ettic Einhert   Ettic Einhert Empty17/02/09, 09:18 pm

La Provence :

Quelle plus belle entrée en matière qu'une prairie couverte de lavande à votre réveil au petit matin ? La caresse du vent sur mon corps famélique, soulevant mes haillons défraichis. Je me souviens être resté immobile pendant longtemps, humant les fragrances endormies par la fraicheur nocturne des plantes mauves. Le soleil du petit matin redonna un peu de vigueur à mes muscles engourdis.
Il y avait une route non loin de là, cette même route que je recherchais depuis des jours après m'être perdu dans les forêts et les bois environnants. A vrai dire les chemins hors de Provence laissaient franchement à désirer, tout au plus de vagues pistes de terre serpentant entre les arbres.
Clopinclopant, je m'y réengageai, priant Aristote de trouver à son extrémité une ville, un village, des hommes et des femmes en tout cas, qui accepteraient de lui offrir gite et couvert. Et croyez-le, mes vœux furent réalisés.
D'abord une enceinte. Un blason, lion or sur fond azur gardant la porte de la ville de son regard féroce. Deux gardes patibulaires aux yeux bouffis de fatigue en gardaient paisiblement l'entrée. Vu l'heure matinale, les portes venaient très certainement d'être ouvertes.

Je n'avais certainement pas la noblesse extérieure que j'ai maintenant. Je me souviens du regard en coin qu'ils me jetèrent, hésitant certainement à me refouler. Mais la chance, ou la providence diront certains, me fit croiser la route l'une des nobles âmes locales, le bien nommé Jeremiah 'Fumseck' de Mael boroch qui revenait à cheval d'un quelconque voyage. A sa vue, notable respecté du bourg en question, les gardes ne pipèrent mot et me laissèrent entrer. Saisissant la perche qui m'était tendue, je m'étais empressé de le suivre dans son sillage, pour entrer dans la sacro-sainte cité.

Arles. Une ville excentrée du reste de la Provence. Les arlésiens et les arlésiennes se sentent farouchement provençaux mais qui revendiquent une certaine culture à part. Je n'allais pas tarder à le découvrir, mais il s'agissait d'une terre d'accueil pour tout les voyageurs errants souhaitant s'installer durablement.

Me présentant humblement au noble personnage, je lui fis pars du besoin que j'avais de trouver nourriture pour combler le vide qui habitait en mon estomac. Sans doute me trouva-t-il extrêmement sympathique. De fil en aiguille, il en vint à me proposer, en guise de toit, son moulin qui se trouvait à légèrement à l'écart de la ville. Imaginez ma joie d'avoir enfin un toit au-dessus de la tête. Combien d'averses glacées ont coulées sur ma tête nue ? Combien de recreux dans la roche m'ont abrité des intempéries ? Ma chance ne s'arrêtant pas là, ma route croisa celle de celle qui devrait devenir l'une de mes plus chères amies, la petite Aline, notre chère Alinette. C'est une personne qui ne peut s'empêcher d'aider son prochain, proposant en toute simplicité, sans la moindre arrière pensée, son concours pour rendre meilleure la vie de ceux qui l'entourent. Nous sympathisâmes et elle me proposa le couvert jusqu'à ce que les creux entre mes côte se remplisse d'une bonne et robuste chair.

C'est ainsi que s'écoulèrent les premières semaines de ma nouvelle vie arlésienne. Au début je ne fis qu'aider Alinette pour justifier un peu le traitement de faveur dont je faisais l'objet. Mais lorsque je devins plus fort (et la nourriture abondante qu'elle me forçait à ingurgiter à chaque repas n'y était pas pour rien), je pus enfin chercher un travail honnête. Laboureur de champ de blé, égorgeur de cochon, trayeur de vaches... Ma force me revint et ma carrure respectable revit le jour.

Comme tout bon arlésien qui se respecte je fréquentais la taverne municipale, connue alors sous le nom du « chant des sirènes ». C'était le lieu idéal pour rencontrer tout les personnages locaux. Un vieux serpent porté sur la boisson et les cacahuètes. Un couple de noble, tenanciers du bouge voisin. Un gripsous comptant et recomptant inlassablement ses écus. Une bourgmestre dont le fauteuil de fonction avait prit depuis longtemps la forme de son fondement. Et tout les autres.
A cette époque là, je fis la rencontre de mon premier ami. Un vagabond comme moi qui était arrivé en meilleur état quelques semaines auparavant. Nous sympathisâmes rapidement jusqu'à devenir larrons, copains comme cochon (si vous me permettez l'expression). Nous nous retrouvions tout les soirs en taverne à deviser de tout et de rien, autour de grandes chopes de cette bière à la sueur si particulière.
Mais un jour, alors qu'il se reposait en bordure du champ sur lequel il travaillait, roupillant sans relâche, l'arbre au-dessus de lui se sépara d'une lourde branche qui chût et lui fracassa le crâne. Pendant quelques temps je ne fus plus que l'ombre de moi-même, ressentant douloureusement cette perte. Mais après tout la vie du peuple est cruelle, nous rappelant sans cesse que la vie terrestre n'est là que pour le labeur, préparant, la vie céleste, non ?

Et puis... Et puis... Et puis y'a Archy, qui m'aime pareil que moi j'aime Archy !

Je me souviendrais toujours de ce moment là. La porte s'est ouverte dans un fracas terrible, comme si le ciel, le vent, les éclairs de l'orage s'étaient donné rendez-vous au même moment. Ce pas comme dans certaines histoire d'amour, ou les choses semblent se dérouler au ralenti, amour courtois, douceur des deux participants. Dès le début, le ton fut donné.
J'imagine qu'elle ne fit pas attention à moi. Ce n'est qu'après avoir été violemment bousculé par la damoiselle, alors que j'étais innocemment en train de noyer mon ennui dans de la binouse rance que notre histoire débuta. Ce choc d'une violence inouïe renversa l'intégralité du contenu de ma chope sur la table et le sol crasseux. Bien que n'ayant pas l'alcool mauvais, je me redressai vivement pour oser lui demander de me rembourser. Grand mal m'en a prit car à peine eus-je prononcé ces quelques mots qu'elle se retourna et me lança un regard mauvais. L'alcool aidant et les quelques centimètres en moins, me firent reculer.
S'ensuivit une longue tirade visant à me convaincre (par la manière forte) que la véritable victime c'était elle (tout à fait;) et que c'était à moi de lui payer à boire. Je me souviens avoir lancé un regard désespéré à ma bourse. Mais je finis par céder. Ce fut mettre le doigt dans l'engrenage car depuis...

Bref, les semaines passèrent. Le souvenir douloureux de mon défunt ami s'estompa rapidement, remplacé par la présence expansive et pourtant tellement agréable, de celle qui devint ma compagne. Je devins son masseur attitré car tisser des chemises et des braies à longueur de journée était une activité éreintante (plus que de labourer un champ à la binette vous croyez ?). Notre amour commun pour la bière, ma propension à vouloir être aux petits soins avec elle, et ma capacité à absorber ses vociférations (et à manier le plumeau tel un virtuose), firent de notre relation, une aventure quotidienne, bien loin des relation platoniques qui peuvent exister aux quatre coins des royaumes européens. Tyrannique mais tellement adorable. Des hauts et des bas, mais ce n'est pas pour rien que nous avions obtenu le titre du « couple d'Arles ».

C'est à peu près à cette époque là que des affiches promouvant l'engagement dans l'Ost provençale furent placardées sur les murs de la cité. Un grand individu au regard sévère, un tricorne sur la tête, me pointant du doigt : « La Provence a besoin de vous ! ». Ayant toujours en mémoire ma formation dans l'armée angevine et décidant que désormais la Provence était ma terre, je pris le chemin pour la caserne la plus proche.
Acte courageux de ma part compte tenu du désert ambiant qui régnait en ces lieux. Un lieutenant dépressif, un sergent qui faisait de son mieux pour motiver ses quelques soldats, des psychorigides cherchant le moyen de rendre crédible leur travail... Faisant fie de cela, je tâchais de m'investir au mieux de mes capacités. M'entrainant sur les différents terrains, assistant à toutes les levées du fier drapeau provençal, je tâchais de ne pas faire trop honte à mes supérieurs. Avec le recul, je me rend compte qu'il ne s'agissait que d'efforts vains. Je n'étais en réalité qu'un petit ver s'agitant sur une pomme pourrie depuis belle lurette.
Mais malgré tout, je me donnais à fond. On me donnait un ordre, j'obéissais sans chercher à discuter. Mon sergent et moi même partions à intervalle réguliers sur les routes de Provence, non loin de la ville de notre bon Marquis, pour surveiller les routes pour en assurer la sécurité. Mais hormis cela, il n'y avait rien de bien intéressant.[u]


Dernière édition par Ettic le 17/02/09, 09:19 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ettic Einhert   Ettic Einhert Empty17/02/09, 09:19 pm

Il y eut cependant un événement qui mobilisa notre caserne ainsi que l'un de nos deux Commandeur de l'époque, Arwen Heimdallrsön. Alors que nous avions été dépêché sur place pour contribuer à l'installation d'un petit baraquement en vue d'abriter les unités le temps de leur mission, mon sergent, le fameux fleuriste d'Arles, m'envoya inspecter la zone en quête d'un danger aussi hypothétique et utopique que le sens de la mesure pour un comte de Provence. A quelques distances de nous, je découvris le corps inanimé d'un homme. Son habillement, des haillons fouettant à plusieurs mètres à la ronde, laissait présager que nous avions à faire à un vagabond venant trouver refuge en Provence. Il gisait, immobile au fond d'un fossé au bord du chemin. Je me souviens l'avoir titillé de la pointe d'un bâton. Un horrible doute me prit alors. Il semblait tenir d'avantage du sac de viande froide que d'un paisible dormeur.

Il était mort.

Par conscience professionnelle je partis en informer mon sergent qui, après un bref examen en arriva à la conclusion qu'il semblait être mort d'une maladie, les croutes qu'il avait sur le corps en était le signe indiscutable. Il n'était pas médecin, mais qui n'a jamais vu les stigmates sur les porcs malades de la lèpre du cochon ? Un peu d'huile, une petite flammèche et le corps fut brûlé (le principe de précaution avant l'heure).
Un pigeon fut envoyé munit de notre rapport pour en informer nos supérieurs de notre découverte. L'incident semblait clos.
Une fois entré en Arles, je crus pouvoir enfin me reposer, regagner mon logis, mais ce fut une grave erreur. Au détour d'une ruelle, je fis une nouvelle découverte macabre. Un autre malheureux qui présentait alors les même stigmates que son calciné de prédécesseur.
En bon petit soldat, je partis quérir l'assistance de mon supérieur. Il se trouve qu'il y avait une grande messe en Arles, avec les grandes figure de l'Église Aristotélicienne de Provence, en l'honneur de je ne sais quel évènement. Il fut facile d'amener sur place tout les gradés locaux.

A vrai dire, j'admets maintenant qu'il s'agit sans doute de la seule opération de l'Ost à laquelle je suis fier d'avoir participé. D'ailleurs peut-on qualifier le reste d'opération ? Le mot d'ordre était l'efficacité. Les morts s'étaient multipliés. Les soldats et les habitants ont travaillé ensemble. Les corps furent collecté avec toutes les précautions requises. La caserne arlésienne et celle de Toulon, venue en renfort, firent office de troupe de maintien de l'ordre, de surveillance et de recherche d'infectés. Il était en effet toujours probable de voir naître des effets de panique et de tentative désespérée pour quitter la ville. Or l'état d'urgence avait été décrété par le conseil comtal de l'époque, interdisant à quiconque de quitter la ville. Fuir c'était trahir !
Ce fut des semaines sombres. La fumée noire s'échappait en continue de la grande fosse commune à quelques distance de là, près du fleuve. Notre diacre chantant mena un certain nombre de messes pour tenter de rassurer les cœurs terrifiés des arlésiens. Aristote semblait être l'une des seules choses vers laquelle se tourner lorsque la peur de la mort semblait hanter l'esprit de tous.

Mais il y eut deux faits marquants qui nous permirent de mettre en avant nos compétences de soldats. Deux marques de la lâcheté de la part de pleutres. Le premier fut un marchand, boucher à ses heures qui soudoya plusieurs gardes de la ville pour le laisser passer. Ces derniers devaient s'occuper du sergent-fleuriste qui était avec eux en permanence pour lui permettre de fuir. Mon supérieur fut empoisonné, mais ce fut sans compter l'intervention de mon unité. Les gardes rendirent rapidement les armes, un médecin fut quéri. Le pleutre fut rattrapé et mis aux fers avant d'atteindre le point de rendez-vous où un carrosse devait l'emmener au loin.
Le second incident, plus grave symboliquement, fut la tentative de fuite d'une noble de Provence, alors Procureur siégeant au conseil, si ma mémoire est bonne. Ce pleutre nommé Heulynn, tenta de fuir le village après avoir permis l'évasion d'un prisonnier dont elle s'était amouraché. Je n'étais pas là à ce moment là, présent en d'autres lieux, mais je sais que le carrosse tenta de forcer le passage. Ils furent bien entendu arrêté. Il est en effet difficile, même pour le plus résistant des carrosse, de franchir des portes closes.
Il y eut par la suite quelques polémiques quant à son droit de conserver son titre après avoir bafoué ainsi l'honneur de la noblesse. Mais malheureusement, je n'en sais guère plus aujourd'hui. Sans doute que les lâchetés des notables de Provence lui ont permis, par le jeu des amitiés, de conserver sa noblesse perdue.

Ce triste épisode arlésien se traduisit par la promotion de mon sergent de et moi-même. Je devins à mon tour sergent de l'unité des Lions Rugissants. Ce fut à peu près à cette époque là qu'une opportunité de devenir un homme publique s'offrit à moi. Le jeune parti Pastel, co-fondé par ma supérieure Arwen Heimdallrsön avait pour vocation d'offrir une opportunité à de jeunes provençaux sans expérience, comme moi à l'époque, une place dans les hautes instances du comté. A mon sens, peu de parti offrent une telle opportunité. Le parti conservateur AP en est d'ailleurs l'exemple le plus frappant, laissant toujours les même vieux grigous à la tête du comté. Les mêmes qui effectuent plusieurs mandats successif au poste suprême sans laisser l'opportunité à d'autres, plus compétents qu'eux (et ce n'est pas peu dire), la possibilité de donner à la Provence une chance de sortir du marasme.

Mais peu importe. La première élection du conseil me permit d'y entrer, devenant ainsi Porte-parole puis connétable de la Provence. Pour un vagabond arrivé à moitié mort de faim quelques mois plus tôt, c'est une ascension plutôt rapide. Mais à aucun moment je n'ai oublié mes origines. A aucun moment je n'ai oublié que j'étais là au service des provençaux et non pas pour ma propre gloire personnelle.

Par la suite, une autre opportunité de servir la Provence s'offrit à moi.

Avocat. Ce simple mot me faisait rêver. Quelle meilleure manière que de rendre service que de défendre les intérêts de victimes des chiens qui hantent les chemins en quête de proies faciles ? Bien entendu, il m'est arrivé de défendre un ou deux de ces coquins, mais il faut parfois leur accorder une seconde chance. N'est-ce pas ce que nous enseigne Aristote ?

Par la suite, en vrac. Bâtonnier, à nouveau Connétable, Commandeur... L'Ost, parlons-en. Ce n'est qu'au moment où je suis arrivé au poste culminant de ma carrière que j'ai enfin ouvert les yeux sur la gabegie qui s'y déroulait. Des gradés peinant à imposer leur autorité sur leurs subalternes, des subalternes ne craignant même plus les conséquences de leurs actes. Une armée inutile lors du dernier conflit ayant opposé la Provence aux restes décrépis de l'Empire. La Provence a compté plus d'âmes courageuses pour la défendre et à bien fait de ne rien attendre de son armée. Aujourd'hui, il est nécessaire d'offrir une véritable alternative pour former des hommes et des femmes aptes à porter nos couleurs. Peut-être même ainsi évincer des postes de responsabilité tout ceux qui s'y sont accrochés, tels des mollusques sur la barques d'un vaisseau en perdition.

Et puis, mon grand ami le Vicom de Lantosque qui me fit le grand honneur de m'élever de ma condition de roturier et fit de moi son vassal. J'avoue que si cela s'était déroulé à mon arrivée en Provence, sans doute n'aurais-je pas prit conscience de la gravité de la situation et de l'importance de la tâche. Je voyais ce pays comme une terre de liberté, pouvant m'apporter une certaine prospérité. Mais comme partout ailleurs, les despotes, les incompétents, les hypocrites et les petites haines régissent notre nation. Ce fut un honneur de pouvoir me mettre au service de l'un des derniers grands provençaux en qui je pouvais avoir encore de l'estime. Au côté de mon compère gripsous, Francizek, je fus nommé seigneur de Roquebillière, vassal de Cédric Von Valendras, Vicom de Lantosque. S'il n'est pas toujours facile de le raisonner et pour lui enseigner la modération, il est certain que je donnerai ma vie, mon honneur et ma richesse pour servir mon seigneur. Si le titre peut s'obtenir par les amitiés, c'est par l'action et par l'honneur qu'on lui donne toute sa valeur. Mais malheureusement, bon nombre de petits nobles en Provence ne semblent pas avoir compris quoi que ce soit à ce sujet.

Roquebillière, sa rivière, sa montagne, ses glissements de terrain et ses inondations. Mon arrivée sur mes terres ne se fit pas au son des trompettes, mais les gueux ne se montrèrent pas hostiles. Lantosque n'avait visiblement pas trop pressuré ce village avant de m'en faire don. Ayant moi-même connu les affres de la misère et de la roture, je ne comptais pas leur imposer un sort trop cruel. Chacun remplirait son rôle. Eux de cultiver mes terres et de me verser l'impôt. Moi de les protéger. Telle était la teneur du pacte seigneurial.



Il y a quelques mois, je reçus, par pigeon recommandé, une missive nous invitant, ma compagne Archy et moi-même au mariage d'un très vieil ami, parti trouver fortune en notre terre alliée qu'est la Bretagne. Qu'à cela ne tienne, il était temps de partir loin de la Provence pour ne point en être écœuré. Ce fut un voyage très long. Je repassais même à quelques lieues de mon ancienne patrie, l'Anjou. Un soir dans une taverne, après m'être saoulé copieusement en l'honneur du bon vieux temps, j'appris que mon alcoolique de cousin était mort deux hivers avants, la main crispée sur la poignée de la porte de sa taverne habituelle, la bave aux lèvres. Ce ne serait point une perte pour le monde. M'est d'avis qu'il a finit aux corbeaux.

Mais ce ne fut pas un voyage de tout repos. Alors que nous fûmes séparé, ma douce et moi, une bande de gueux, couverts de puces et de poux m'encercla. Je venais juste de franchir la frontière qui séparait la Bretagne du Poitou. L'affrontement fut bref et brutal. Après avoir fendus deux ou trois cranes, ce fut le mien qui reçu un fort coup. Pour ce que je m'en souviens, je fut dépouillé de toutes les affaires personnelles que je portais sur moi. Ma monture, par courage ou couardise, parvint à fuir suffisamment loin pour ne pas être capturée par les chiens des chemins.
Lorsque je revins à moi, et après avoir titubé quelques temps, m'être hissé sur le dit cheval, je parvins à la ville la plus où je pus trouver soin et repos.

Mais globalement, outre un second brigandage et l'obstination bornée de tout les fonctionnaires comtaux et ducaux qui tentèrent de m'expulser de leur territoire, ce fut un voyage fort instructif.

Prions le grands Aristote que la Provence retrouve son prestige perdu et que les coquins au pouvoirs cessent de montrer au monde leur absence d'ouverture et leur crispation sur le trône. Mais sans doute mourront-ils comme mon cousin, la bave au lèvre.

Triste Provence.

On prend les mêmes et on recommence
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Nom: Einhert
Titre de noblesse: Senhor
Fief : Roquebillière

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MessageSujet: Re: Ettic Einhert   Ettic Einhert Empty14/04/09, 04:44 pm

Citation :
En ce jour du quatorze avril mil quatre cent cinquante sept, par la présente, Moi, Auguste Dulieu, régisseur du domaine de Roquebillière, annonce à la populace et à quiconque prend connaissance de la présente annonce, la mort d'Ettic Einhert, Seigneur de Roquebillière, Vassal du très grand Lantosque, lâchement assassiné par des brigands lors de son retour sur ses terres.

Une prime de 2000 écus est offerte à celui qui rapportera les têtes des coupables.

Que le tout puissant garde l'âme de ce grand provençal, amoureux de sa patrie et de son amie devant l'éternel.

Fait à Roquebillière
le 14 avril 1457
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