[RP] Moi je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas

Dernière édition par Bertrade Duval le 16/02/11, 01:28 pm, édité 4 fois

[HRP : RP qu'on n'arrive pas à terminer en halle, en raison de la présence IG obligatoire peu compatible avec les voyages. Pour ceux qui en ont déjà lu le début en halle d'Arles, désolée pour la redite, mais pour planter le décor, on va tout y remettre puis l'achever enfin. Merci de ne pas intervenir avant qu'on l'indique, pour ne pas téléscoper les posts déjà rédigés.

Pour le décor disséminé sur la halle, Bertrade est une jeune fille arrivée en Arles, à la recherche d'un "Mateù Sagran". Accueillie puis hébergée par Lila Callabrùn, elle fait des allers-retours avec la taverne tandis que la rumeur de ses recherches s'étend dans la ville. Pour ceux présents en ville.]

Pour la précision (par LJD Cast) : Les faits de ce RP se déroulent avant la certitude du décès d'Anderexia
Avec cette musique.

Merci de votre compréhension !

Alors que Mateù était plongé dans ses ô combien passionnantes corrections de pastorales, il fut dérangé par Alessio, son fidèle compagnon-porte-manteaux.

Ce dernier expliqua quelle étrange rumeur courrait sur son maître... Il avait entendu dire qu’une jeune femme, au visage agréable, aurait émis le désir de rencontrer le Baron.

Le « visage agréable » avait suffit à faire bondir Mateù de son siège. Sans demander d’autres précisions, il congédia Alessio et activa négligemment une brève toilette.

Il était temps de faire un tour en ville, les corrections attendraient, il les bâclerait à son retour.

Avant de quitter Grimaud, il convoqua Niccolò afin que sa garde personnelle se tienne prête à chevaucher vers Arles. Le temps d’enfiler une cape noirâtre par-dessus un long manteau couleur pourpre, que déjà ses hommes se tenaient prêts dans la cour centrale.

Mateù grimpa sur sa monture avec une souplesse qui l’étonna lui-même. Sans doute ce « visage agréable » lui redonnait, déjà, un tonus trop longtemps absent de son être.

Sans plus attendre, le petit cortège se mit en route. Mais la précipitation avait été telle que le Baron n’avait pensé à demander une description physique plus détaillée... Comment reconnaitra-t-il ce visage parmi les charmes arlésiens...

Avant de reprendre son poste à l'auberge, Bertrade avait flâné pour trouver un présent pour remercier Lila de son accueil. Elle avait jeté son dévolu sur un article du boucher ! Il lui faudrait faire attention à la taverne de ne pas trop allécher ses voisins avec. Le commerçant avait eu l'amabilité de lui envelopper dans un torchon qu'elle avait promis lui rapporter après.

Pleine d'énergie mais pas d'autant d'espoir, la jeune fille offra aux clients un spectacle des plus cocasses. Une toute jeune brune à l'air enjoué, bien propre sur elle sans être classieuse, poussait la porte avec sur son épaule un jambon sec...
Après un coup d'oeil circulaire sur des visages tous inconnus, elle choisit de reprendre la place qui avait été la sienne quelques semaines auparavant. Il lui fallait espérer que cette fois l'aubergiste soit présent, qu'elle puisse l'interroger et commander à boire.

La porte s’ouvrit violemment. Niccolò venait de la propulser d’une main plus que ferme. Un rapide coup d’oeil à l’intérieur suffit à le rassurer : aucune trace de menace. Le Capitaine de la Garde de Grimaud voyait d’un oeil suspect ce « visage agréable ». N’importe quel ennemi du Baron connaissait son point le plus faible. Il demeurait relativement simple de l’attirer dans un guet-apens : joli minois et lieu alcoolisé suffisaient.

D’un geste du bras, l’impatient Mateù écarta Niccolò demeuré dans l’entrée. Le Capitaine quitta définitivement les lieux. L’endroit paraissait correct, surtout quand on se rappelle certains établissements affectionnés par l’Arlésien...

Mateù pénétra donc dans l’auberge. Il se rua sans attendre vers le comptoir, étonnamment désert. Il ne se donna pas la peine de scruter la salle du regard.

Ce sont les gens qui cherchent et viennent trouver Mateù, pas l’inverse.

Algaranna avait une soudain envie de boire dans l'auberge. Elle s'y rendit donc dans l'auberge en poussant la grande porte.
Elle vit un homme accroupi sur le comptoir. Après avoir regardé attentivement les formes physiques de l'homme, et puis la tête, elle le reconnut:
-Mateù! Ma foy, je ne m'y attendais pas te voir, mon cher ami!, en lui donnant une grande accolade chaleureuse et des bises sans se soucier des protocoles exigés en raison de leurs titres de noblesse.
Puis, Miss s'approcha vers le comptoir pour prendre une bouteille et une verre.
-Excusez-moi.. j'ai sacrément soif.
Sans attendre sa réponse, elle versa le contenu de la bouteille de bière dans son verre. Puis, elle but quelques grosses gorgés.
-Aaaah ca va mieux...Qu'est ce qui t'amène ici, Mateù? Ah oui...Tu veux une verre?

Avec son jambon comme compagnon de table, Bertrade rêvassait lorsqu'un grand bruit la fit sursauter. Elle accompagna le geste d'un petit cri de surprise qui lui fit monter le rouge aux joues lorsqu'elle réalisa que ce n'était que la porte. Un homme étrange scruta la taverne avant d'en ressortir.
Les pensées de la jeune fille dressaient une liste des raisons pour lesquelles l'homme se comportait de la sorte. Un mari jaloux cherchant à démonter le portrait d'un concurrent ? Un marchand berné à la poursuite d'un chapardeur ?
Le menton calé dans la main, coude sur la table, Bertrade laissait courir son index sur les reliefs de la table, probablement laissés là par les coups de chopine, couteaux plantés et autres sévices qu'un tel meuble avait pu subir. Hermétique à l'activité de l'auberge, un prénom la fit toutefois se dresser droite comme un piquet sur son tabouret. Mateù...

Elle se mit à fouiller frénétiquement la taverne du regard et aperçut la femme qui semblait avoir prononcé ce nom. Bertrade se sentait sotte, maintenant qu'elle était - peut-être - au bout de sa recherche. La dame faisait la conversation à l'homme nommé Mateù, cela ne se faisait pas de les interrompre. La petite brune prit son jambon sur les genoux, les mains posées dessus, prête à se lever dès que ce Mateù se retrouverait seul, et ne décrocha plus ses yeux de ce dos masculin.

Mateù prit place sur un haut tabouret. Les coudes plantés dans le comptoir, il ôta négligemment ses gants, les tirant doigt par doigt. Il se rendit compte que ses mains tremblaient doucement : détonnant mélange d’excitation et de sobriété.

Alors qu’il était sur le point d’hurler sur le serveur-fantôme, le Baron fut surpris par Algaranna. Cette dernière se montra particulièrement chaleureuse. Mateù, lui, sembla mal à l’aise. Il appréciait sincèrement Algaranna. De plus, serrer dans ses bras une Comtesse ne lui avait jamais posé trop de problème. Mais cet instant était différent. La mystérieuse rencontre qui l’attendait occupait toute son attention.

Algaranna proposa un verre au Baron. De toute son existence, jamais il ne refusa un verre de bière. Il n’allait pas commencer maintenant. Poliment, il s’enquit de la santé de Miss et prit de ses nouvelles.

Rapidement cependant, le Baron s’excusa et précisa à Miss qu’il attendait quelqu’un. Même si Mateù ignorait l’objectif de « l’agréable visage », il préférait se montrer sous son meilleur jour : sans dame à son bras.

Les yeux rivés sur le dos de Mateù, Bertrade ne perdit pas une miette de leur conversation, si ce ne fut en paroles, au moins en gestes. A chaque instant elle espérait qu'il tourne son visage, qu'elle put le voir. Elle se demandait si lorsqu'elle le regarderait en face elle sentirait l'évidence, que c'était LUI. Mais son profil, meilleur point de vue qu'elle put glâner, ne lui procura pareille sensation.

Après avoir quelque peu parlé, Mateù sembla retourner à sa bière. Bertrade se leva d'un bond, bousculant la table. Elle en fit tomber son jambon dans la poussière et tinter les verres sales devant lesquels elle attendait depuis un moment. Un peu gênée de se donner en spectacle, elle ramassa son jambon - fichtre que c'était lourd ! - et s'approcha de Mateù. Elle attendit à quelques mètres d'être sûre que la dame avait terminé sa conversation, et resta plantée comme une cruche avec son encombrant paquet dans les bras.

Après quelques moments de discussion avec Mateù, il lui informa qu'il attendait quelqu'un.
Elle sursauta au bruit de la table qui semblait bouger. Elle chercha d'où venait ce bruit et vit une jeune femme portant du jambon à la main devant Mateù et elle. Elle regarda la femme qui fixait Mateù. Ayant compris, elle tourna vers Mateù :
-Je vois... C'est elle que vous attendiez?

Mateù sursauta en même temps que Miss. Le verre qu’il tenait en main expédia quelques gouttelettes de bière au coin de son menton. Il se retourna, avec virulence.

D'abord "furieux", l’Arlésien vira immédiatement à "absorbé".

Je vois... C'est elle que vous attendiez ?

Je... J’espère dit-il sans quitter le « visage agréable ». Elle semblait frêle, fragile. Mais une élégance émanait de ses yeux. Le genre d’élégance pure, parfaite, comme toujours lorsqu’elle est involontaire, incontrôlée.

Mateù demeurait fixe. Son seul mouvement fut d’amener la pince qu’il formait avec le pouce et l’index aux commissures de ses lèvres, légèrement entrouvertes. Il était totalement fasciné par cet être.

Il avait l’habitude de côtoyer des femmes aux charmes immenses. Mais cette fois, c’était différent. Il n’était jamais tombé en admiration à ce point depuis... oh, Seigneur... depuis... depuis qu’elle était partie.

Mateù inclina la tête sur la gauche, et plissa le regard. Il se montrait souvent rustre, parfois charmeur. Il gardait sa tendresse pour un cercle très restreint. A cet instant, il eut envie de l'élargir.

Un signe de la main invita la belle inconnue à s’installer à ses côtés...

Il fallut un moment à Bertrade pour réaliser que Mateù la regardait. La jeune fille eut l'impression que le sang quittait son corps pendant qu'une poigne invisible se plaquait sur son thorax pour l'empêcher de respirer. Ses mains en lâchèrent l'encombrant colis qui alla pour la seconde fois s'écraser sur le sol douteux de l'auberge. Si le cochon avait su qu'il donnait sa fesse - et sa vie - pour être traité ainsi...

Tandis que l'arlésien semblait la jauger du regard, la petite brune réalisa qu'elle n'avait pas l'apparition qu'elle attendait depuis des semaines. Pas de petites fleurs virevoltant devant ses yeux, pas de scène où on lui ouvre les bras et où l'on court au ralenti vers elle. Non, rien de tout cela.
A la place, une grande autorité se dégageant de cet homme, et un regard intrigué sans toutefois être hostile. A sa grande surprise, Bertrade ne prit pas ses jambes à son cou, et sans vraiment s'en rendre compte, suivit l'invitation de la main et s'installa aux côtés de Mateù.

S'il n'avait pas été si impressionnant, elle ne l'aurait pas quitté des yeux une seule seconde, mais son regard l'intimidait grandement, tout autant que ce qu'elle avait à lui apprendre. Elle s'éclaircit la voix avant de se présenter, les yeux papillonnant de ses mains au visage de son voisin.

Hum...bonjour. Etes-vous bien Mateù de Sag...Sabran ?
Je m'appelle Bertrade Eugénie Duval.

Elle ignorait son titre, ne connaissait son nom exact que depuis quelques jours , et se demandait si elle devait faire une révérence. La longueur de sa réflexion mit un terme à ses hésitations, ce qui ne fut pas plus mal au vu de sa fébrilité qui l'aurait immanquablement faite chuter.

La belle s’avança. Qu’elle semblait timide... Non, pas vraiment timide, plutôt hésitante et anxieuse. En temps normal, Mateù aurait lâché une lourdeur graveleuse, toujours sûr de son charme. Mais il s’abstint. A croire que lui aussi était impressionné par la situation.

Comment une si jeune fille pouvait-elle lui faire perdre ses moyens à ce point ?

Lorsqu’elle se présenta, elle transmit encore mieux toute la nervosité qui la tenaillait. Cette fragilité dans la voix, cette maladresse entre les mains... Qu’elle était parfaite au-delà de ses imperfections !

Suite à l’évocation de son nom, un blanc demeura. Elle, semblait réfléchir entre « Sag » et « Sab », lui, ne savait quoi dire. Il se tritura également les méninges. Il interpréta le silence de son interlocutrice comme l’obligation d’une réponse. Comme si son nom devait lui évoquer quelque chose. Il n’en était rien. Il ne rattache ce nom ni à la famille, ni aux amis, ni aux Frères Teutoniques. Tandis qu’aux maitresses... Il aurait fallu connaitre leur nom.

L’Arlésien décida de briser ce silence devenu bien trop pesant.

Je suis bien Mateù de Sabran dit-il en instant sur le « b ». Puis, se forçant à prendre un ton plus assuré :

Je suppose que vous êtes celle qui me cherche.

Mateù agrippa une bouteille de vin. Sans dire mot, mais d’un geste de la main, il proposa à sa voisine de lui en verser un verre.

Que puis-je faire pour vous mademoiselle Duval ?

Je suis bien Mateù de Sabran. Je suppose que vous êtes celle qui me cherche.
Que puis-je faire pour vous mademoiselle Duval ?

La jeune femme se sentit encore plus mal, si cela était possible, lorsqu'elle apprit que sa recherche faisait déjà les choux gras de la ville. Alors qu'en temps normal elle ne buvait jamais de vin, elle poussa légèrement son verre vers Mateù lorsqu'il lui en proposa. Non seulement elle avait l'impression d'avoir mangé un seau de poussière tant elle était nerveuse, mais en plus cela lui donnerait peut-être un peu de courage... Elle en prit une gorgée et reposa son verre sans le quitter des yeux.
Regarder le baron la tétanisait, elle craignait sa réaction et bien qu'ayant mille fois répété son discours en chemin, une fois face à lui rien de ce qu'elle avait préparé ne lui semblait bien.
Une grande inspiration avant de se jeter à l'eau - enfin d'y tremper un orteil - et elle se mit à parler très rapidement, comme toujours lorsqu'elle essayait de mentir.

Oh euh...eh bien en réalité je suis de passage, et je dois vous transmettre les salutations de ma mère. Vous l'avez rencontrée il y a longtemps, une quinzaine d'années environ. Elle est de Verdun, elle s'appelait à l'époque Rose Tavernier.
Comme elle savait que j'allais traverser la Provence, et qu'elle se souvenait de vous, elle m'a chargée de vous saluer.
Je suis ravie de rencontrer un ancien ami de ma mère.

Elle n'avait pas prévu de lui servir l'explication qu'elle avait montée pour les autres, et elle priait pour que sa mère et cet homme ne se fussent pas quittés en mauvais termes. Mais la vérité, si poétique à ses yeux lorsqu'elle l'avait apprise, lui semblait aujourd'hui bien abrupte. Elle ne voulait pas risquer de fâcher cet homme qu'elle espérait connaître mieux.
Un petit sourire - très - crispé conclut sa tirade avant de se noyer dans une gorgée de vin.

Algaranna regarda Mateù et puis la jeune femme qui s'était presentée Bertrade Eugénie Duval qui commencaient à discuter entre eux.
En préférant leur laisser tous les deux , elle commença :
- Eh bien... Je crois.. je vais vous laisser. Je me sens de trop ici...
Algaranna chercha autour d'elle pour s'en occuper avant de s'apercevoir que son verre qui était vide :
-Euh.. je vais le remplir.
Tournant vite , elle se dirigea vers le comptoir pour reprendre la bière.

La discussion décollait enfin.

Le malaise ne semblait pas dissipé, mais au moins l’échange avait lieu.

Miss, se sentant un peu hors sujet, s’éclipsa. Mateù lui sourit tout en adressant un signe de tête.

Recadrant son regard dans celui -fuyant- de Bertrade, il écouta ce qu’elle avait à lui dire.

Enfin, il écouta… d’une oreille, plus occupé à la jauger de haut en bas. Vraiment, il n’y avait pas que le visage qui était agréable… C’est qu’elle avait franchement « un petit je ne sais quoi » de captivant. Un certain magnétisme, que l’Arlésien prenait encore pour une simple attirance sexuelle, fascinait le Baron.

Entre un « Jolis les yeux » et un « Sympa ce sourire timide », Mateù capta le nom prononcé par la belle inconnue.

« Rose Tavernier » répéta-t-il, à voix haute et pour lui-même. D’après Bertrade, il s’agissait d’une amie. Pour le Baron, il devait plutôt être question d’une maitresse de très bref passage.

Il s’attendrit en observant la jeune fille. Il ne pouvait tout de même pas lui balancer, comme ça, de but en blanc, qu’il n’était pas humainement possible de se rappeler chaque passage dans une couche ! Et encore, en supposant qu’ils aient pris le temps d’en trouver une, de couche…

Du coup, il se contenta d’une moue peu convaincue et d'un bref hochement de tête. Tâchant d'être le moins indifférent possible -Mais que c'était difficile! Sa mère, il s'en moquait, c'est elle qui l'intéressait maintenant ! - il se contenta d'un plat :

Je suis désolé.

Ensuite, il porta son verre à ses lèvres et but quatre petites gorgées. Il prit le temps de bien gouter le précieux breuvage avant de l’avaler.

Nul doute que ce petit remontant ne sera pas de trop…

[On va faire vite, je n'en peux plus, je veux qu'on vienne à bout de ce RP]

Le menton baissé, la tête à peine tournée vers le baron, Bertrade jetait de brefs coups d'oeil dans sa direction en attendant sa réaction à l'énoncé du nom de Rose. Elle avait anticipé plusieurs réactions, s'était même préparée à encaisser le fait qu'ils ne s'entendaient pas ; elle attendait d'être enfin fixée.

Lorsque Mateù répéta le nom de la défunte, Bertrade osa fixer enfin son regard, le sien plein d'espoir. Elle suivit sur le visage de l'homme sa réflexion puis le rictus qui accompagna le laconique Je suis désolé.
A ça, elle ne s'était bêtement pas préparée. Beaucoup d'éventualités oui, mais pas celle-là ! Son plan tombait à l'eau, ses espoirs aussi. Elle n'avait pas imaginé un instant qu'il eut pu oublier sa charmante mère.
Son long voyage depuis Verdun lui apparut enfin tel qu'il était : une pure folie.

Elle cilla, ses yeux papillonnèrent quelques instants autour du visage du baron puis elle pivota lentement la tête vers le comptoir. Elle resta ainsi quelques instants, le regard perdu dans le vague, essayant de mettre de l'ordre dans les idées qui virevoltaient dans sa tête, les larmes au bord du coeur, tandis que Mateù sirotait sa boisson.

Enfin elle ferma les yeux, pris une profonde inspiration dans laquelle elle voulait fixer tout son courage, et dit d'une voix blanche.
Je suis désolée de vous avoir importuné Baron...et menti. En réalité je venais vous voir parce que ma mère m'avait dit que...

Les mots avaient du mal à franchir sa gorge. Ils étaient pourtant simples. Elle se rappelait le boucher, le compliment - qui était en réalité un sous-entendu très peu subtil et fort graveleux, mais qui n'avait pas su trouver son chemin dans le coeur innocent de la jeune fille - revoyait le regard mauvais de sa femme qui lui avait alors craché la vérité pour la blesser, sa mère enceinte jusqu'aux dents lorsqu'elle avait rencontré son père, ou celui qu'elle pensait l'être. Puis sa mère lui avouant dans un souffle, les yeux humides. Bertrade ne lui en avait pas voulu, elle avait simplement saisi les mains maternelles et avait demandé qui ?. Elle avait rêvé d'exotisme, d'enthousiasme, d'un père l'accueillant à bras ouverts pour remplacer son beau-père décédé. Pas de cette scène hideuse, assise entre un jambon (non pas la Vicomtesse, le vrai jambon, héros récurrent de cette journée) et un géniteur indifférent, le tout buvant de l'alcool.

Bertrade saisit son verre, aurait aimé le vider cul-sec comme on voyait dans les tavernes, mais même ça elle ne savait pas le faire. Elle pris une gorgée de vin, le tint quelques instants au-dessus du comptoir, en prit finalement une seconde puis le reposa. Elle tourna légèrement la tête vers le Baron, menton toujours baissé et regard par en-dessous, et termina dans le peu de souffle qu'elle trouva :
...elle m'avait dit que vous étiez mon père.

» Pour les fans de Burton, d'alice aux pays des merveilles