[RP] Un goût de vacances et de solitude aussi

[Rp ouvert à presque qui le veut mais veuillez respecter la balise et éviter le flood s'il vous plait. Y'a tout plein de topic dans cette salle pour le flood mais pas celui-ci. Na !]

Puisque les salles du conseils étaient quasiment vides, sauf le mardi parce que tout le monde rendait bien gentiment son rapport ; puisque ce qu'elle disait là bas restait sans écho ; puisqu'elle se sentait bien seule, l'aveugle prit la décision d'aller écouter en salle de doléance s'il restait encore des provençaux en provence et ô miracle, les provençaux étaient encore là. En réalité, seuls les élus se la coulait douce enfin presque tous.

Bonjorn, dit-elle simplement en priant pour que la capitaine ne vienne pas l'ennuyer ici aussi, lui qui avait, pour une raison qu'elle ne comprenait pas, décidé de venir commenter chaque parole qu'elle prononçait d'un sarcasme, d'une moquerie ou pire comme pour lui faire comprendre qu'il avait décidé de lui faire vivre un enfer.

Seules les prières qu'elle faisait chaque soir, et le principe qu'elle s'était fixé d'aller au bout de son engagement, au bout du mandat donc, quoiqu'il lui en coûte par respect pour les provençaux même si en cette heure, elle ne rêvait plus que d'une chose, fuir, partir, ne plus avoir affaire au capitaine, ne plus croire que les gens sont tous bons. Elle avait cru le Comte quand il lui avait dit qu'il serait là... Mensonge ! Depuis des semaines elle vivait l'enfer et pas une fois il n'était intervenu pour calmer Gnaaz. Non, il avait même prit soin selon elle, de venir de moins en moins au conseil laissant Gnaaz régné en maître et donner des ordres au conseillers comme bon lui semblait.

Un bonjour simple, un peu timide, de celle qui ne sait plus si elle a le droit d'être là ou pas, maintenant qu'elle est juge, de celle qui n'a pas vraiment de doléance à formuler ou plutôt qui en aurait mais elle sait déjà qu'elles resteraient sans réponse. On ne l'écoute pas au conseil sauf l'autre là qui avait décidé qu'elle n'avait plus le droit de parler sans que derrière il vienne lui faire payer l'audace d'avoir ouvert la bouche. "Tu es aveugle, sois muette je m'en porterai mieux", semblaient signifier ses interventions.

Il l'avait prévenu l'avocat à la voix chaleureuse et il avait eu raison de lui dire de se méfier. Elle avait juste eu tord de ne point suivre ses conseils.

Elle avait besoin de s'aérer un peu, de reprendre contact avec les provençaux, de quitter les Hautes Sphères un moment pour écouter l'accent chantant et léger qu'est l'accent provençal. Elle ne pouvait rejoindre les calanques, elle ne pouvait quitter le château, des procès l'attendaient alors c'est la salle de doléance qui lui servirait de refuge un instant. Cette salle où elle avait cru ne jamais revenir lorsque la première fois qu'elle y était entré elle avait eu comme échos que des jurons...

C'est un peu idiot à admettre mais... enchaîna t-elle consciente que le conseil n'était pas représentatif bien au contraire, quoi de neuf dans notre belle Provence ? Depuis que je suis au conseil, je ne me suis jamais sentie aussi éloignée des réalités...

C'était tellement vrai, elle ne faisait que lutter, lutter pour rester elle même, pour ne pas s'oublier. C'est pourquoi elle n'avait pas cédé au chantage que le Comte lui avait fait en privé espérant qu'elle pende haut et court chacun de ses ennemis alors que ni l'accusation ni la défense n'avaient fait leur travail... C'est pourquoi elle ne démissionnait pas pour rester droite face à la fonction qui lui avait été confiée, c'est pourquoi elle ne réagissait pas lorsque le procureur la prenait de haut après qu'Historis ait eu le malheur de lui faire remarquer que son boulot avait été mal fait et qu'elle n'avait condamné une accusée que sur les aveu le reste ne valant rien.

Mad préparait son départ. Son bagage était bouclé, son moulin fermé.
Condamnée pour Hautre Trahison et au bannissement de Provence par la juge Historis, elle ne lui en voulait même pas.
Cela faisait belle lurette, que la brunette regardait l'horizon et aspirait à quitter cette Provence qu'elle ne reconnaissait plus.
Cet exil forcé était une planche de salut pour Mad.
Elle avait refusé le voyage que lui proposait Adrian, préférant rester pour lutter.
Partir ou continuer le combat ? Gros dilemne. Elle était restée, allant jusqu'au bout de ses idées.
Trop dégoutée et déçue par l'ambiance politique du comté, elle s'était réfugiée chez les Chasseurs.
Elle avait trouvé des provençaux autrefois investis et désireux de changer profondément les choses, excédés et soucieux de la politique que menaient les élus.
La rebellion ! c'était devenu le fer de lance de la jeune femme et de ses compagnons.
Toutefois, les Chasseurs n'avaient pas été suivis dans leur démarche.
Aujourd hui ils quittaient tous la Provence.
Mad poussa un long soupir.

Elle traversait une dernière fois les salles du chateau, écoutant distraitement les uns et les autres. Toujours les mêmes doléances restées sans réponse et toujours les mêmes critiques qui ne permettront pourtant jamais aux conseillers d'avancer dans le bon sens.

Une discussion attira son attention dans une salle reculée, loin du tumulte habituel des salles de doléances.
Mad s'approcha et écouta discrètement.
Historis était au milieu de la pièce, l'air déprimé, et Luth essayait chaleureusement de savoir la cause de ce trouble. Mad saisit une phrase.

C'est un peu idiot à admettre mais... quoi de neuf dans notre belle Provence ? Depuis que je suis au conseil, je ne me suis jamais sentie aussi éloignée des réalités...

Mad secoua la tête négativement et leva les yeux au ciel.
Historis venait de découvrir la vraie facette du conseil et en faisait les frais.
La juge qui les avait tous condamnés, était en plein crise de déprime. Ironie du sort.
Elle avait fait certainement son boulot en son âme et conscience... arff
Mad savait qu'Alberto, Nathy et leur clique de lèche bottes auraient voulu les voir tous pendus haut et court, sans jugement aucun.
La haine de ces êtres malfaisants la poursuivait depuis des lustres. Nul doute qu'ils avaient du faire pression sur la juge, l'abus de pouvoir ne les ayant jamais étouffé jusqu'à présent.
L'aveugle était peut être plus forte qu'elle ne le paraissait. Mais s'opposer à ce genre de personnages n'allait pas vraiment l'aider...

Mad avait subi leur méchanceté, leur jalousie et leur harcèlement. Elle les connaissait.
Faut avoir le coeur solide pour s'accrocher et avancer malgré les embuches et les magouilles.

Elle aurait du rester dans la neutralité qu'elle revendiquait, pensa Mad à voix haute. A trop croire et préjuger de ses forces, on perd son âme !

Mad jeta un dernier regard sur la juge. Elle plaignit de tout son coeur la jeune aveugle qui essayait de surmonter son infirmité et voulait faire valoir ses idées dans un panier de crabes.
Mad avait écouté certaines discussions en salle publique du conseil. Les débats étaient houleux, improductifs et agressifs. Les conseils se suivaient et se ressemblaient tous.
La brunette en avait fini avec tout ça. Non, vraiment aucun regret. Etre bannie de Provence était une libération et non une punition.

Elle pensa à Monfort, à Manon, Charly, Bubu, Espoir et tous les autres ... Elle sourit à l'avenir et murmura

Bonne chance Historis ...