La route lui semblait interminable.
Allongée à l'arrière de la charette, installée sur des coussins, recouverte de draps de laine et de soierie, Marianne n'était plus que l'ombre d'elle-même. Des mois de maladie l'avait amaigrie et rendait son visage émacié, osseux. Sa seule distraction fut de regarder le ciel au-dessus d'elle à travers ses paupières papillonant de fatigue.
Du bleu... il devait faire beau, l'air sentait le printemps. Elle soupira lentement en pensant à la joie qu'elle aurait eu à sortir de chez elle sur ses deux pieds et à parcourir les rues de Brignoles, ou à chevaucher sur ses terres. Celà ne serait point désormais, elle le savait.
Elle toussa, d'une de ses quintes de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes qui la laissaient sans souffle un instant. Elle aspira l'air désespéremment et se sentit légèrement mieux.
Les cahots de la route cessèrent enfin et elle entendit Nicolas crier à l'aide. On devait être arrivé au poste de garde du château d'Aix. Son grand nigaud d'oncle avait tellement tenu à tenter un dernier acte, à appeler à l'aide un médecin d'Aix. Il ne savait pas comme elle savait, il ne sentait pas comme elle sentait. Elle avait fini par agréer à sa demande si insistante. Sait-on jamais? Et puis, une parcelle d'elle-même s'accrochait encore à l'espoir à force de l'écouter la supplier.
- Marianne, tranquillisez-vous! On va venir! Mais aussi, pourquoi ne pas m'avoir fait prévenir plus tôt?!
Voilà qu'il se penchait sur elle pour la rassurer. Si prévenant... Elle sourit pour le rassurer à son tour.
- Je ne m'en fais pas, Nicolas. Vous êtes là. Pour le reste, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. J'étais tellement sûre de pouvoir me soigner seule. Et puis au début celà semblait...
Une nouvelle quinte de toux l'arrêta et la laissa pantelante de nouveau. Elle ne put reprendre qu'après plusieurs minutes.
- Celà semblait si bénin, vous savez! Une allergie de saison vu que c'était l'été...